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Homélie de la dédicace du Latran
Aujourd'hui, en fêtant la fête de la dédicace de la Basilique du Latran, nous célébrons l’église mère de toutes les églises du monde. C’est la première église qui a été construite à Rome. La Basilique du Latran sous le vocable du Saint Sauveur, c'est la cathédrale du pape. Elle va prendre le nom du Saint Sauveur Saint Jean le Baptiste et l’apôtre Saint Jean. A l’arrière de la basilique se trouve un magnifique baptistère en marbre. Il est octogonal, les sept dons de l’Esprit et au centre en forme de piscine. Dans les premiers siècles, le baptême se pratiquait par immersion. La personne était plongée par trois fois entièrement dans l'eau. Par le bain du baptême la personne devenait chrétienne. Cela nous permet d'entrer pleinement dans la famille de Dieu, d'être reconnu enfant de Dieu, être adopté par Dieu, c'est aussi cette entrée qui nous fait devenir le sanctuaire de Dieu, le Temple du Seigneur.
Parce qu'en nous, le jour de notre baptême, nous recevons le Père, le Fils et l'Esprit, par ces paroles concrètes, les trois personnes divines que nous nommons la Trinité habitent en nous à ce moment-là et même au-delà de notre mort.
Parce qu'au-delà de notre mort, la vie continue et c'est notre âme qui continuera à vivre. Alors, dans ces lectures d'aujourd'hui, il y a toute cette symbolique avec le prophète Ézéchiel.
Un prophète, c'est celui, un homme ou une femme, qui reçoit des songes, qui reçoit un message dans son cœur, dans son esprit, pour parler au nom du Seigneur. À ce moment-là, à cette époque, nous sommes en 597 avant Jésus-Christ, le peuple hébreu est en exil à Babylone. Ils vivent la souffrance, la détresse.
Le prophète Ézéchiel va avoir cette parole d'espérance. L'espérance, c'est de croire qu'un jour nouveau va naître. Cette parole d'espérance est représentée avec cette image de ce temple, d'où coulent des fondations, de l'eau qui vont former des torrents d’eau vive.
Ces fleuves d'eaux vives, partout où ils vont se propager, vont porter du fruit, un fruit nouveau. Il va y avoir des arbres, des vergers, il va y avoir des fleurs, des plantes.
Cette image est pour signifier, qu'il va avoir un renouveau. Un renouveau va naître pour le peuple d'Israël et en même temps, ça peut nous faire penser au livre de la Genèse. Au premier chapitre, les premiers versets de la Genèse, nous montre un lieu paradisiaque, avant que le péché entre dans le monde, que le mal touche à la fois la création et touche le cœur de l'homme. Donc cette image d'Ézéchiel, en 597 AV J-C nous parle pour nous aujourd'hui.
Ça nous parle parce que nous sommes le sanctuaire. Comme nous dit saint Paul, « nous sommes le sanctuaire du Seigneur ». Paul parle de cette fondation qu'il a faite. C’est le baptême qu’il a pratiqué.
En baptisant, il a été le fondateur. Mais en baptisant, il a donné à ce corps de chair la possibilité de devenir un sanctuaire. Mais après, les fondations c'est le Christ.
Le Christ qui va continuer avec le Père et l'Esprit dans le cœur de chacun des baptisés à grandir. Mais ce n'est pas le tout de dire, il va grandir. Qu’est-ce que nous faisons pour que le sanctuaire que nous sommes, pour que cette présence divine qui est en nous grandisse, pour qu'il prenne de la place en nous ? C’est par rapport à notre liberté, au choix que nous allons donner à la Parole du Seigneur, comment le Seigneur va nous aider, et il nous aide, mais comment nous allons lui permettre de nous aider, à vivre la conversion.
Et cette conversion, elle est à demander chaque jour. Chaque jour, quand je me lève, je dois demander à l'Esprit Saint de m'éclairer pour ma journée. Toutes les personnes que je vais rencontrer, à ma manière, je vais témoigner de Jésus-Christ, de cette présence divine qui est en moi.
Alors le Seigneur va passer à travers nos qualités comme nos défauts, ça va de soi. Mais plus nous prierons, plus nous chercherons ce cœur à cœur avec le Seigneur, et normalement, il devrait y avoir des fruits. Alors nous n'avons pas à mesurer les fruits que nous donnerons, parce que là, on tomberait dans le péché d'orgueil.
Maintenant, s’il n'y a pas de changement dans ma vie, de mes mauvaises attitudes, pour aller bien sûr vers les bonnes attitudes, il faut se poser les bonnes questions, ce qui est un problème à quelque part. Il faudra redoubler de prière. Lire la Parole de Dieu pour nous laisser instruire par elle et vivre des sacrements. Par la dimension de la prière, comme disait Thérèse d'Avila, « entrer en nous-mêmes pour trouver la chambre du roi. »
Pour Thérèse d'Avila, le roi c'est Dieu, c'est Jésus-Christ. Donc, à travers la prière de l'oraison, une prière silencieuse, c'est chercher, non pas en soi-même pour faire du nombrilisme, mais chercher la rencontre de Dieu, la connexion divine.
Le Seigneur est présent, mais il attend que nous nous tournions vers lui pour se connecter à nous.
Quand je parlais de ces difficultés qui sont en nous à cause du péché, c'est l'évangile de ce jour. C’est plus qu’une image, c'est bien réel. Les évangélistes parlent de cette colère dans le Temple. Cela confirme la véracité de notre texte.
Cet épisode s'est bien réalisé. Alors pourquoi s'est réalisé cet épisode ? Le Temple de Jérusalem, le Temple du roi Salomon, était gigantesque. Il y avait plusieurs parvis.
Le premier parvis, c'était le parvis des gentils. Après il y avait plusieurs parvis pour au fur et à mesure arriver jusqu'au lieu du sacrifice, l'autel avec les grands prêtres pour sacrifier les animaux au Seigneur.
Puis derrière se trouvait le Saint des Saints où il y avait les tables de la Loi. Le Saint des Saints, lieu où le grand prêtre rentrait une fois par an pour le grand pardon. Alors donc, nous sommes au premier parvis.
Un parvis où normalement il ne devait avoir que des gens pour entrer dans le temple. Mais c’est installé, les changeurs car la monnaie était à l'effigie de l'empereur Néron et que les juifs avaient leur propre monnaie. Il y avait aussi les vendeurs d'animaux pour le sacrifice. Les gens arrivaient de partout, ils ne pouvaient pas amener avec eux un agneau ou une tourterelle pour le sacrifice. Donc, ils achetaient sur place l'animal. Tout cela devait être en dehors du temple. Donc, ce qui était normal. Mais au fur et à mesure, tout s'est mélangé.
Les animaux sont entrés dans le temple avec les vendeurs d'animaux et en même temps, l'argent .
Jésus se met en colère pour dire « Vous avez fait de la maison de mon Père une demeure de bandit, de voleur. » Parce qu'il y avait bien sûr des trafics d'argent dans tout ça.
Nous pouvons entendre le verset : « là où est votre cœur, là est votre trésor.» Donc, il faut savoir ce qu'on veut.
Alors bien sûr, nous avons besoin d'argent pour vivre et pour vivre la solidarité. Hier soir, nous étions à l'église d’Izon pour célébrer la fête de Saint Vincent de Paul avec la société Saint Vincent de Paul et ces personnes qui sont acteurs pour aider les plus démunis.
Nous avons besoin d’argent, mais c'est avec la lumière du Christ, que nous allons discerner nos biens pour une bonne gestion et comment je vais partager aussi avec ceux qui en ont besoin. La mission du baptisé, c'est d'évangéliser, de témoigner du Christ, mais aussi savoir vivre la fraternité et le partage non pas comme nous le voudrions, mais comme nous le pouvons.
Demandons au cours de cette eucharistie, cette grâce au Seigneur de pouvoir avoir ce désir intérieur de le suivre et de vivre cette fraternité au sein de notre société.
Amen.
Père Patrick Fauries